Aller au contenu principal

[Stress thermique] « Nous avons installé des ventilateurs à pales dans la stabulation des laitières »

Le Gaec des Vallées, en Loire-Atlantique, a misé sur l’installation de ventilateurs à flux vertical et des ouvertures en faîtage pour diminuer l’impact du stress thermique sur le troupeau.

Jean-Luc Saffré. « Si cela s’avère nécessaire, nous remplacerons le bardage bois du long-pan ouest par des rideaux ou volet amovibles. » © F. Mechekour
Jean-Luc Saffré. « Si cela s’avère nécessaire, nous remplacerons le bardage bois du long-pan ouest par des rideaux ou volet amovibles. »
© F. Mechekour

C’est l’hiver, l’ambiance est plutôt bonne dans la nouvelle stabulation du Gaec des Vallées, à Puceul, construite en 2014. Trois ventilateurs à grandes pales de 7 mètres de diamètre fonctionnent au ralenti (10 % de leur vitesse maximale) pour améliorer le renouvellement de l’air. Mais, certains étés, les 100 prim’Holstein du troupeau ont souffert de la canicule. Depuis quelques années, le thermomètre atteint allègrement la barre des 35 °C pendant une dizaine de jours. « Nous avons même eu un record à 39,6 °C le 7 août 2020 dans le bâtiment », souligne Jean-Luc Saffré, un des quatre associés du Gaec.

Les vaches sont d’autant plus sensibles aux fortes chaleurs que leur niveau de production oscille entre 10 500 et 11 000 kg. Par ailleurs, la ventilation naturelle du bâtiment (66 m de long et 23 m de large) est limitée pour deux raisons : Il est implanté sur un site à l’abri des vents et ses longs-pans sont en bardage bois ajouré. Par ailleurs, un décalage de toiture obturé par un bardage bois n’aide pas à ventiler le bâtiment. « Les vaches s’entassaient dans un coin du bâtiment côté nord. Leur production laitière baissait en moyenne de 2,5 à 3 kg par jour. »

Des vaches regroupées dans certaines zones

 

 
L’installation des ventilateurs a bien amélioré la situation, même si les vaches ont encore parfois un peu tendance à se regrouper dans certaines zones quand il fait très chaud. © D. Denion
L’installation des ventilateurs a bien amélioré la situation, même si les vaches ont encore parfois un peu tendance à se regrouper dans certaines zones quand il fait très chaud. © D. Denion

 

Face à ce constat, en 2018, l’éleveur décide de suivre une formation dédiée au stress thermique organisée par son contrôle laitier et le GDS de Loire-Atlantique. « Je voulais comprendre pourquoi les vaches se regroupaient dans certaines zones du bâtiment, mais aussi faire le point sur les différentes solutions techniques pour diminuer leur stress thermique. »

Les associés n’ont pas voulu modifier l’existant. Psychologiquement, démonter une partie du bardage d’un bâtiment quasiment neuf avec une bonne intégration paysagère avait du mal à passer. Des raisons techniques ont également pesé dans la balance. « Côté ouest, la pluie aurait pu mouiller la table d’alimentation. Et côté est, un appenti abritant dix niches a été accolée à une partie du long-pan. » Finalement, les associés ont signé un bon de commande pour trois ventilateurs à pales de marque Orela en mars 2019 (16 000 € montage compris).

Des ventilateurs légèrement trop espacés

Ils ont été installés tous les 18 mètres au-dessus des deux travées de logettes disposées en tête à tête. Cette distance est un peu trop importante par rapport aux recommandations actuelles (2 fois le diamètre des pales, soit au maximum tous les 14 m ici). « Pour bien faire, il aurait fallu en installer un quatrième. Quand il fait chaud on se sent bien en dessous, mais au fur et à mesure qu’on s’en écarte on sent moins d’air », reconnait Jean-Luc Saffré.

Le faîtage a également été modifié. « Le conseiller bâtiment du GDS nous a incités à faire des ouvertures au niveau du décrochage de toiture de 70 cm. Fait en bardage bois, nous avons donc enlevé une planche sur deux. » Denis Denion, consultant nutrition-robot chez Seenovia, pointe également un défaut de conception au niveau du faîtage. « La pose d’un lanterneau en faîtage est préférable au décalage de toiture. Ce système assure en effet des entrées d’air plus homogènes. » 

L’impact positif de ces changements sur les vaches est toutefois jugé suffisant. « La perte de lait est limitée à 1,5 kg maximum. Dès que les températures baissent, les vaches retrouvent leur niveau de production initial rapidement. Ce n’est pas le cas quand la production baisse de 7 à 10 kg de lait », souligne Jean-Luc Saffré.

Les vaches ont toutefois encore tendance à se regrouper côté nord quand il fait vraiment chaud. Elles « boudent » une zone côté sud malgré la présence d’un ventilateur. Quoi qu’il en soit, le Gaec n’envisage pas à court terme d’apporter plus de modifications au bâtiment. Mais si le stress thermique devait s’avérer plus impactant, Jean-Luc Saffré n’écarte pas cette fois la possibilité de remplacer le bardage du long-pan côté ouest par des volets ou filets amovibles.

Autre aménagement possible, « le rayonnement direct dans le bâtiment pourrait être diminué notamment côté ouest en enlevant des translucides », complète Denis Denion.

Avis d'expert : Denis Denion, consultant Seenovia

« Un meilleur résultat avec quatre ventilateurs »

 

 
Denis Denion, consultant Seenovia« Le résultat serait encore meilleur avec quatre ventilateurs. » © F. Mechekour
Denis Denion, consultant Seenovia« Le résultat serait encore meilleur avec quatre ventilateurs. » © F. Mechekour

 

« Les trois ventilateurs ont permis d’améliorer le confort des vaches. Le résultat aurait été encore meilleur avec un quatrième ventilateur, car à ce jour il y quelques zones mortes. Il aurait également fallu centrer les ventilateurs sur les trois rangées de logettes au lieu d’être uniquement au-dessus des deux rangées tête à tête. La vitesse de l’air aurait été plus homogène dans le bâtiment. L’impact du stress thermique est également limité par l’installation de six abreuvoirs bien répartis dans le bâtiment. Avec 11 mètres linéaires d’abreuvoirs pour une centaine de vaches, on est dans les clous pour assurer un abreuvement correct aux vaches. L’idéal est d’avoir 12 à 14 cm linéaire par vache avec un débit minimum de 15 l/min pour limiter l’impact du stress thermique lors des journées entre 35 et 40°C. Une ventilation et un abreuvement corrects sont les préalables indispensables, cependant les solutions nutritionnelles à base de bicarbonate ou carbonate de potassium sur ces périodes sont à recommander. Attention également à la couverture énergétique et azotée qu’il faut majorer pour compenser les manques d’ingestion. L’augmentation de 15 à 20 % des apports de minéraux permettra de compenser les pertes d’électrolytes par les urines. De plus, il faut avoir une concentration de 2,5 à 3,5 g de sodium/kg MS tout en respectant un ration K/Na de 5. »

À retenir

Installation de trois ventilateurs à flux vertical
Des ouvertures au niveau du décrochage de toiture
11 m linéaires d'abreuvoirs pour 100 vaches
Diminution des translucides côté ouest si nécessaire
Ration des vaches adaptée

Les plus lus

<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3, en date du 19 décembre 2024.
FCO 3 : fin décembre, la maladie continue de progresser

À date de jeudi 19 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 846 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

Selfie de Yohann Allain dans son champ avec ses vaches laitières.
« J’espère que mon salarié deviendra mon associé sur mon exploitation laitière en Loire-Atlantique »

À la SCEA du Chêne Vert, en Loire-Atlantique, après le départ à la retraite de son père, Yohann Allain a modernisé sa salle de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière